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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Palestine : au-delà de la reconnaissance
par Jean-Baptiste Noé

La reconnaissance de la Palestine comme État ne résoudra pas le conflit qui s’y déroule. Mais elle démontre que, dans cette guerre, les symboles et les représentations sont essentiels.

27/09/2025 - 08:30 Lecture 5 mn.

Annoncée en juillet, la reconnaissance par la France de l’État de Palestine est effective depuis lundi dernier. À la suite de la diplomatie française, ce sont plusieurs pays occidentaux qui ont eux aussi reconnu cet État, dont le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Au niveau de l’ONU, c’est donc la quasi-totalité des États membres qui reconnaissent l’État de Palestine. Ce qui n’est pas sans poser des questions sur le fonctionnement de l’organisation, bloquée par le refus des États-Unis. La logique démocratique majoritaire voudrait que l’État de Palestine soit officiellement reconnu, mais le veto américain bloque cette reconnaissance officielle. Revient alors, en plus du débat sur la Palestine, le débat sur le fonctionnement de l’ONU et la légitimité de ses institutions.

 

Une guerre de représentation

 

Depuis les guerres des années 1940 entre Israël et les pays arabes, le conflit en Palestine est une guerre de représentations et de symboles. Il y a, dans le monde, des conflits beaucoup plus meurtriers et sanglants pour les populations civiles, notamment le Soudan et le Congo, conflits qui se déroulent dans une relative indifférence. Il y a des conflits qui pourraient engendrer un basculement du monde dans une guerre généralisée. C’est le cas d’une invasion de Taïwan comme d’une guerre de grande ampleur entre l’Inde et le Pakistan. Pour autant, les événements de Palestine attisent les tensions et exacerbent les sensibilités, ce qui complique encore davantage une résolution. On le voit notamment en Europe, où le conflit s’immisce dans les débats politiques internes.

En Espagne, où les étapes de la Vuelta furent quotidiennement perturbées, avant la neutralisation de la dernière journée. Le gouvernement espagnol a fait de la cause palestinienne un élément essentiel de sa politique intérieure. En France aussi, les débats sont très vifs, avec toujours des arrière-pensées politiques et des tentatives de récupérations électorales. La souffrance des civils, en Israël, en Cisjordanie et à Gaza, importe peu et n’est souvent que prétexte à clientélisme électoral. Aux États-Unis aussi, cette guerre s’est immiscée dans les débats politiques intérieurs, notamment lors de la dernière campagne présidentielle, faisant basculer le camp démocrate. Cette polarisation à l’extrême empêche des négociations sérieuses et dépassionnées, et donc empêche une sortie de guerre.

 

Deux États, le faux débat

 

La solution à deux États est pour beaucoup la solution à une guerre qui dure depuis 80 ans. Mais cette solution est souvent demandée par des États extérieurs à la région. Les pays arabes se soucient peu des Palestiniens, dont ils veulent surtout éviter qu’ils ne déstabilisent un Proche-Orient fragilisé, comme ils ont pu déstabiliser en leur temps la Jordanie et le Liban. Le Hamas ne veut pas deux États, mais un seul, le sien, et donc l’éradication d’Israël. Le gouvernement Netanyahou s’oppose lui aussi à un État de Palestine et accélère la colonisation en Cisjordanie pour rendre toute machine arrière impossible. Tout semble figé dans une guerre perpétuelle qui rend la paix impossible. Malgré tout, dans les prochains mois, les lignes peuvent bouger.

En Israël d’abord. Les élections législatives doivent se tenir en octobre 2026. Elles seront un refus ou une acceptation de la politique de Benyamin Netanyahou, très fortement critiqué en interne. Si un changement de Premier ministre devait avoir lieu, une autre politique serait peut-être mise en œuvre.

À Gaza, le Hamas est décapité et ses moyens d’action sont des plus réduits. On voit mal comment il pourrait reprendre la main et la force de l’initiative.

À la tête de l’OLP, Mahmoud Abbas, 89 ans, ne sera pas éternel. Un changement de tête pourrait conduire à un changement de génération et de politique. Encore faut-il qu’il y ait des hommes pour cela, et c’est bien tout le problème de la Palestine. Un État ne fonctionne pas tout seul. Il lui faut des fonctionnaires, des administrateurs, une élite politique et administrative. Or la guerre a accentué les départs et rendu difficile la formation de cadres. Avec quels hommes un État de Palestine pourrait-il fonctionner ? Il faut de la stabilité, des frontières définies et acceptées, un système fiscal, une administration et du personnel compétent. C’est-à-dire une réalité matérielle de l’État, au-delà des symboles. Et pour tout cela, il faut beaucoup de temps pour l’obtenir et pas seulement un discours à la tribune de l’ONU.

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