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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

Chroniques
Jean-Baptiste Noé

Chronique
Quand des puissances étrangères utilisent les fractures françaises
par Jean-Baptiste Noé

Les mouvements régionalistes français sont utilisés par des États pour affaiblir la France et fracturer sa nation. Des ingérences qui s’appuient sur les forces centrifuges du pays pour le déstabiliser.

04/05/2024 - 08:30 Lecture 5 mn.

La manœuvre n’est pas nouvelle. Il n’est pas rare qu’au cours de l’histoire des pays étrangers aient financé et soutenu des mouvements sécessionnistes afin d’affaiblir l’État central. Durant les guerres civiles du seizième siècle, l’Espagne des Habsbourg finançait la Ligue des Guise en lutte contre le roi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement indépendantiste breton d’Olivier Mordrelle s’était rapproché des nazis pour proposer une collaboration en échange de l’autonomie. Aujourd’hui, c’est l’Azerbaïdjan qui soutient des mouvements autonomistes et régionalistes afin de contrecarrer le soutien français à l’Arménie.

 

De la Corse à Bakou

 

En février dernier, le Parlement de l’Azerbaïdjan a créé un groupe de soutien au peuple corse, demandant l’indépendance de celui-ci et lui apportant son aide morale dans sa lutte contre la présence française sur l’île. Quelques jours plus tard, lors d’une conférence de presse du mouvement indépendantiste Nazione plusieurs médias azéris étaient présents, dont des journalistes de la chaîne officielle de Bakou.

Pour l’Azerbaïdjan, il s’agit d’attaquer la France sur son propre jeu. Puisque celle-ci soutient l’indépendance du Karabagh, territoire dont le contrôle est revendiqué par Bakou, l’Azerbaïdjan soutient à son tour l’indépendance des régions françaises où se trouvent des autonomistes.

À Istanbul, le 24 février, le Groupe d’initiative de Bakou (GIB) a organisé une conférence intitulée "Décolonisation : le début de la Renaissance" qui réunissait plusieurs figures des mouvements indépendantistes des Antilles, de Guyane, de la Nouvelle-Calédonie et de Corse, avec la présence de Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse de 2015 à 2021. Une fédération des autonomistes organisée en terre étrangère par une puissance étrangère dans le but de déstabiliser la France.

 

De la Corse à Nouméa

 

L’offensive ne s’est pas arrêtée là puisque c’est désormais la Nouvelle-Calédonie qui reçoit le soutien et l’appui de l’Azerbaïdjan. Un mémorandum de coopération a ainsi été signé mi-avril entre le Congrès de Nouvelle-Calédonie et l’Assemblée nationale d’Azerbaïdjan. Le document a été signé par Omayra Naisseline, élue indépendantiste de l’archipel, au nom du président du Congrès. Si le texte se fixe comme objectif de développer les relations dans le domaine de la culture, de l’enseignement et de l’éducation, c’est surtout l’ingérence de Bakou qui est retenue. Une ingérence dénoncée par le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin qui a répondu à cette signature par l’ironie : "Il ne m’avait pas paru évident que l’Azerbaïdjan avait un intérêt économique, politique, culturel ou sportif dans le Pacifique Sud".

Ce n’est pas la première fois que la Nouvelle-Calédonie fait l’objet d’approche de la part de puissance étrangère. Longtemps, l’Australie a soutenu les mouvements indépendantistes, espérant ainsi étendre son influence sur le Caillou. Puis ce fut au tour de la Chine, qui a financé de nombreux mouvements sécessionnistes. Si l’offensive de Bakou est limitée, elle n’en est pas moins perturbatrice.

Focalisée sur les ingérences étrangères en Afrique, la France n’a pas toujours pris au sérieux celles qui pouvaient se déployer sur son propre sol. Mais c’est aussi sa propre politique et surtout son échec dans les outre-mer qui est ainsi dévoilé. À force de soutenir les indépendantistes corses et de répondre à leurs requêtes, ceux-ci prennent des libertés. Il en va de même pour les outre-mer dont la vision géopolitique est pour le moins faible et hiératique.

On ne maintient pas des territoires dans la nation française uniquement par des aides sociales et des cadeaux fiscaux. C’est un discours qu’il faut reprendre et une politique qu’il faut retrouver, pour démontrer aux Français l’importance de ces territoires et aux habitants de ces îles en quoi ils peuvent participer à l’aventure française. Les ingérences étrangères, pour perfides qu’elles soient, ne sont que les conséquences de nos propres vides.

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