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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Iran-Israël : l’escalade contenue
par Jean-Baptiste Noé

Israël a répliqué à l’attaque iranienne du 13 avril par une série de frappes au matin du 19 avril. Des frappes qui signent une escalade dans les tensions entre les deux pays, mais aussi une volonté d’encadrer et de contrôler ces tensions.

20/04/2024 - 08:30 Lecture 5 mn.

 

Comment réagir sans produire l’irréparable ? Le dilemme a occupé toute la semaine le cabinet israélien. Entre partisans d’une réponse immédiate et forte contre l’Iran et défenseurs d’une réponse modérée et encadrée, Benjamin Netanyahu a fini par trancher : Israël a répliqué, mais de manière contenue.

Trois zones sont concernées par les frappes israéliennes : le sud de la Syrie, l’Irak et la région d’Ispahan, où se trouve notamment le site nucléaire de Natanz. Les lieux visés sont ceux où les drones du 13 avril ont décollé. Une manière de répondre à l’Iran, d’éviter de nouvelles attaques tout en opérant des dégâts très modérés. Selon les informations de l’Iran, ce sont des drones et des missiles qui ont été utilisés, la plupart ayant été interceptés.

 

Israël, seul et limité

 

Dans cette histoire, Israël est seul face à l’Iran. Les États-Unis et les alliés européens ont dit et réaffirmé qu’ils ne soutiendraient pas une riposte israélienne et qu’ils n’aideraient pas Israël dans une telle opération : ni armement ni renseignement ne seraient fournis. Sitôt l’opération annoncée, Washington s’est empressé de communiquer sur une absence d’aide américaine. Les États-Unis étaient néanmoins informés puisque Tel-Aviv a prévenu son allié en amont de l’opération. Il est probable aussi que l’Iran ait été prévenu, ce qui a limité l’effet de surprise.

Les pays arabes ayant refusé d’ouvrir leur espace aérien à l’aviation militaire israélienne, il était impossible pour Israël de faire usage de bombes capables de détruire les activités nucléaires souterraines. La base de Natanz, au sujet de laquelle les Iraniens disent qu’il y a peu de dégâts, est l’une des rares bases en extérieure du pays. Tel-Aviv et Ispahan sont à une distance de près de 1 500 km à vol d’oiseau. Pour atteindre une telle cible avec l’aviation militaire, il faut disposer de ravitailleurs et passer au-dessus de la Jordanie et de l’Irak. Une opération pour l’instant impossible à conduire, qui oblige Israël à tirer de loin, soit depuis sa flotte soit avec des missiles sol / sol.

 

Chapitre clos ?

 

Après l’opération du 13 avril, l’Iran avait dit que le chapitre était "clos". Tout le monde attendait néanmoins la réponse de l’État hébreu, intervenu moins d’une semaine après les faits, mais dans une version très minimale et réduite. Faut-il y lire, cette fois, une clôture de ce chapitre ? La question est désormais de savoir si cette réplique israélienne est un avant-goût d’une attaque plus intense ou si Tsahal va s’arrêter là, clôturant le chapitre ouvert le 1er avril dernier. La réplique est toutefois minimaliste et en deçà des attaques iraniennes de la semaine dernière.

Force est de constater que l’Iran, tout en tendant la situation par sa réponse au bombardement de son consulat, reste toujours en dessous d’un seuil d’acceptabilité. Téhéran sait qu’une guerre directe contre Israël serait perdue et qu’il y aurait en plus à gérer l’opposition de sa population, qui n’est contenue que par la répression et la surveillance quotidienne. Si les mollahs ont pu affermir leur pouvoir avec la guerre contre l’Irak (1980-1988), celui-ci pourrait être renversé par une guerre contre Israël.

Impossible de prévoir l’avenir ni de savoir ce que fera Tel-Aviv dans les jours qui viennent. Mais force est de constater que, pour l’instant, le Moyen-Orient ne s’est pas embrasé et que les conflits restent contenus et limités. La lutte contre le Hamas, qui continue, n’a pas débordé sur le Liban et la Syrie, comme on aurait pu le craindre après le 7 octobre 2023. L’affrontement Iran / Israël reste confiné à de lointaines attaques de drones et, pays arabes comme occidentaux, appellent au calme et à la retenue. Le volcan moyen-oriental gronde, mais parvient à éviter une éruption qui pourrait lui être fatale.

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