Feuilleton de l'été / Clara Chappaz / La Mission French Tech / Start-up / Bercy
Feuilleton de l'été
Clara Chappaz / La Mission French Tech / Start-up / Bercy
Série d’été - ces jeunes talents qui construisent la France de demain / Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech
Qui a dit que la France n’était pas un pays d’entrepreneurs ? Certainement pas Clara Chappaz, qui côtoie depuis toujours l’écosystème des start-ups. Et, ce, aux quatre coins du monde. C’est avec l’ambition d’avoir un impact sur l’ensemble du secteur et fière de ce que l’Hexagone a à lui offrir que Clara Chappaz s’attache à faire grandir son influence, à la direction de la Mission French Tech.

"Au fil de mes expériences à l’étranger, une petite voix m’a toujours suivie. Celle qui, lorsque je rencontrais des entrepreneurs, me disait : j’ai fait ce que j’ai fait ici et je n’aurais pas pu le faire en France. Pourtant, quand je suis rentrée, j’ai été frappée (de manière positive) par l’accès aux financements, par le soutien de la Mission French Tech et de toutes les associations qui travaillent dans le secteur. Tout cela n’existait pas il y a dix ans. Je voulais contribuer à ce rayonnement". C’est tout d’abord ainsi que Clara Chappaz explique à WanSquare ce qui l’a menée à prendre la direction de la Mission French Tech, en novembre 2021.
Il faut dire que son parcours, dont l’entrepreneuriat a toujours été le fil conducteur, s’articule au plus près de l’essence même de la mission placée sous l’égide du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique : celui de fédérer les start-ups françaises, de les faire croître et d’en étendre l’influence. Ce goût pour l’entrepreneuriat, Clara Chappaz l’a développé dès le début de ses études. Après avoir grandi en Seine-et-Marne, elle est entrée en classe préparatoire au Lycée Saint-Louis, à Paris. Et les concours une fois passés, c’est vers l’Essec que se dirigera Clara Chappaz.
Une école qu’elle souhaitait tout particulièrement intégrer : "L’Essec avait une spécificité entrepreneuriale. L’étudiant construit son parcours, tout est à la carte. Cela correspondait bien à mon envie de toucher à plein de choses. Je me rappelle notamment avoir par exemple participé au programme CPI (Création d’un Produit Innovant), en collaboration avec Centrale Paris. J’ai eu la chance, également, d’apprendre le japonais pendant mes années à l’Essec", retrace-t-elle.
Une première vie en Asie
"J’avais très envie d’aller en Asie", poursuit Clara Chappaz. Alors quand le moment de réaliser un stage arriva, elle s’envolera à Okinawa, une île nipponne située près de Taïwan. "Je travaillais dans un hôtel, je me suis surtout retrouvée à plier des serviettes", plaisante-t-elle. Mais c’est cette première expérience de terrain, sur le continent, qui nourrira son envie d’y retourner par la suite. A la fin de ses études, Clara Chappaz s’est donc à nouveau tournée vers l’Asie. Tout d’abord à Hong-Kong, où elle travaillera pendant une année chez Pernod Ricard.
Avant de se diriger vers la Thaïlande, à Bangkok, lorsqu’elle rejoindra Zalora, homologue asiatique de Zalando. "C’était réellement le projet entrepreneurial qui m’intéressait, plus que le fait de travailler dans la mode", souligne-t-elle. Ce seront ainsi trois années qu’aura passé Clara Chappaz au sein de Zalora, tout d’abord en tant que manager avant de gravir les échelons et d’en devenir la directrice marketplace pour la région Asie du Sud-Est, cette fois-ci à Singapour. "Je suis restée presque cinq ans dans la région Asie. J’avais donc participé à ce projet Zalora et cela m’a donné envie de continuer sur cette route. Mais je n’avais pas envie de passer toute ma carrière en Asie et les Etats-Unis m’attiraient", se rappelle Clara Chappaz, qui a par la suite posé ses valises dans l’agglomération de Boston, dans la prestigieuse université de Harvard. Elle y poursuivra un Master of Business Administration (MBA), durant deux années.
"Beaucoup de mes managers, en Asie, avaient fait un MBA. C’est ce qui m’a tout d’abord mise sur cette voie. C’est un modèle complètement différent, puisque cela se réalise souvent après une première phase d’expérience professionnelle. C’est une expérience appliquée, avec un vrai brassage culturel. Il y avait 30 nationalités dans ma classe, avec des profils plus que variés : un chirurgien, un professeur ou encore des gens qui travaillaient chez Tesla. Cela m’a permis de me confronter à différents points de vue. Les cours sont très pratiques, ce qui m’a réellement offert l’opportunité de voir, de l’intérieur, comment fonctionnait la dynamique entrepreneuriale", précise Clara Chappaz.
Se jeter à l’eau
Sa rencontre avec une amie américaine la poussera par ailleurs à se lancer elle-même dans l’aventure de la création d’une entreprise. Il s’agissait alors de Lullaby, une plateforme consacrée aux produits d’occasion pour enfants. Mais l’idée de rentrer en France, ou du moins en Europe, restait toujours à l’esprit de Clara Chappaz. A l’issue de ses années américaines, elle rentrera à Londres pour rejoindre Lyst, une plateforme de commerce ligne spécialisée dans le luxe, dont elle sera la vice-présidente en charge de l’international pendant neuf mois. Avant de se faire débaucher par Vestiaire Collective et de signer son retour dans l’Hexagone.
"L’entreprise avait déjà huit ans et une très belle phase de développement. J’ai travaillé presque trois ans chez Vestiaire Collective, dans une période assez importante pour la société. Nous avons réinventé le modèle économique en créant un nouveau service pour les clients, qui représente d’ailleurs maintenant plus de la moitié du volume d’affaires : celui des ventes directes entre vendeurs et acheteurs. Le projet était aussi très axé sur l’international, ce qui me parle évidemment", souligne-t-elle. Forte des succès de l’évolution du modèle d’affaires et du développement de l’entreprise outre-Atlantique, Clara Chappaz sera nommée Chief Business Officer.
Mais la petite voix, qui résonnait en elle du fait de ses expériences internationales, s’est fait de plus en plus entendre. La place vacante à la direction de la Mission French Tech a donc appelé Clara Chappaz à candidater à ce poste. "Je ne me voyais pas vraiment quitter Vestiaire Collective pour aller dans une autre scale-up. J’avais vraiment envie d’avoir un impact à l’échelle de l’écosystème, dans tout son ensemble", fait-elle valoir. "Quinze ou vingt profils avaient été retenus par le ministère. Nous avons chacun passé un grand oral, devant des personnes de Bercy ou de l’écosystème comme Jean-Charles Samuelian-Werve, le fondateur de la licorne Alan", décrit Clara Chappaz.
La volonté avant tout
Puis vint l’entretien avec Cédric O, qui était alors le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques. "Cédric O avait dit qu’il recherchait plutôt un profil administratif. Il est vrai que j’étais plus à l’aise avec le monde du privé qu’avec celui du public. Mais pour mener à bien cette mission, il faut avoir une réelle volonté de comprendre l’administration. J’ai réussi à le convaincre, notamment au travers du fait que je saurais bien m’entourer. Mon directeur général adjoint par exemple, Louis Fleuret, qui avait fait un travail remarquable, a quant à lui réalisé toute sa carrière dans l’administratif", illustre-t-elle.
La feuille de route s’annonçait chargée. Et un peu plus d’un an et demi après le début de son mandat de trois années, Clara Chappaz peut déjà observer le chemin parcouru. "Il y a le Pacte Parité que je retiens entre autres. C’est un sujet où il y a énormément de progrès à faire dans l’écosystème. Ce n’est pas parce que nous avons réussi à convaincre les acteurs que les chiffres vont drastiquement changer du jour au lendemain. Changer les choses c’est aussi s’attaquer aux processus de recrutement, former les managers aux biais, etc. Cela permet de voir des résultats concrets. Il y a eu d’autres belles avancées que nous avons annoncées en juin dernier : le plan Je Choisis la French Tech ou encore le premier French Tech 2030, par exemple. Il faut souligner le très beau succès de la Tech tricolore : 62 % des Français utilisent aujourd’hui les innovations des start-ups dans leur quotidien", se félicite Clara Chappaz.
L’univers de la Tech n’est aussi plus le même qu’au début de sa mission. La remontée des taux d’intérêt, les conflits géopolitiques et l’inflation ont contracté le contexte économique et les entreprises technologiques font face à une raréfaction de leurs financements. Pas de quoi s’inquiéter pour Clara Chappaz. En citant Warren Buffett, elle assure : "C’est quand la mer se retire que l’on voit ceux qui se baignent nus. Avec cette crise, nous pouvons observer que nos start-ups ont atteint un vrai niveau de maturité qui leur permet d’affronter la situation. Nous résistons d’ailleurs, en France, mieux que les autres. Le contexte a certes changé mais aussi d’une manière saine. S’interroger sur son business model, quel chemin prendre pour atteindre la rentabilité : nous observons les entrepreneurs se poser les bonnes questions pour parvenir à s’adapter. Les initiatives comme Je choisis la French Tech sont la meilleure des manières d’entretenir cette confiance. Nous sommes très mobilisés".
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