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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Charles III : l’avertissement
par Jean-Baptiste Noé

Le report de la visite de Charles III est un coup de semonce pour la politique et la diplomatie française. Conséquence des violences urbaines liées aux manifestations, elle révèle à la face de l’Europe un pays fragile qui ne tient plus son rang. À quelques mois de l’ouverture des JO, c’est d’autant plus inquiétant.

25/03/2023 - 08:30 Lecture 4 mn.

Ce qui devait être un moment de gloire de la diplomatie française a tourné court. Charles III, nouveau roi d’Angleterre, avait choisi la France pour effectuer sa première visite d’État. Un honneur symbolique et une victoire diplomatique : pour Londres, Paris était bien l’allié principal. L’annonce de son report est donc une défaite à la hauteur de la victoire qu’aurait été sa visite. À la place, Charles III se rendra à Berlin qui, une fois de plus, grille la première place à la France.

 

Camouflet symbolique, portée politique

 

Relativisons ce report : cela ne changera rien, quant au fond, aux relations franco-britanniques. Diplomatie et business suivent leurs cours, que le roi vienne maintenant ou plus tard. Mais la défaite symbolique est à la hauteur de la victoire qu’était cette visite. Downing street a précisé que c’est à la demande de la France que le séjour du roi est annulé. Une mesure de prudence et de bon sens tant il apparaît difficile d’organiser une visite de rang dans un pays en proie aux flammes, aux blocages et aux violences de l’extrême gauche. Mais un très mauvais signal envoyé aux Anglais et aux partenaires européens.

Il y avait eu, déjà, les violences lors du match de football au Stade de France ; violence qui avait déjà porté sur des Anglais. Il y a l’image renvoyée par la presse étrangère et colportée par les touristes et les ambassadeurs présents à Paris : une ville sale, où s’entassent les poubelles, où les grèves sont régulières, où les violences sont de plus en plus fortes. L’image de Paris abîmée, c’est l’image de la France qui est aussi touchée, avec une musique de plus en plus lancinante que la France est un pays à éviter.

Des Français qui préfèrent l’émeute au travail, des rues de la capitale transformée en décharge où brûlent les déchets, des réunions et des rendez-vous annulés à cause des trains bloqués. C’est la négativité de l’ambiance générale qui pèse sur l’image à l’étranger et l’attractivité de la France, même si cela est minoritaire. Or en géopolitique, les représentations sont chose essentielle. Et il est plus facile d’abîmer une image que de la restaurer.

 

Grandeur française ?

 

Pour peser sur la scène mondiale, un pays doit refléter une image de force et de dynamisme. Les symboles sont importants : Charles III descendant les Champs-Élysées, se rendant à Bordeaux, rencontrant les autorités françaises, permet de montrer que la question du Brexit est tournée et que les deux pays partent sur de nouvelles bases. Il y aura d’autres occasions de visite et cela permettra une plus grande réussite qu’en ce début morose de printemps. Mais il n’empêche que la symbolique est négative. D’autant que la France a de grandes échéances devant elle.

L’organisation de la coupe du monde de rugby, de septembre à octobre 2023, sera un premier test. Si la compétition mobilise moins qu’une coupe du monde de football, un ratage sécuritaire est à éviter. Puis viendront ensuite les Jeux olympiques, dont les coûts ont explosé et pour lesquels les effectifs de sécurité seront en alerte. En multipliant les sites, dont beaucoup sont ouverts, pour satisfaire le désir des régions d’avoir une part des Jeux, les organisateurs ont complexifié la protection des sites et des personnes. Le maintien de l’ordre est la grande inconnue de la réussite de ces JO. Londres avait réussi à en faire un tremplin de sa puissance. En 2012, la Grande-Bretagne était forte et Londres dominait les capitales européennes. Toute autre est la situation de Paris en 2023. Et si cela venait à échouer, les conséquences seraient beaucoup plus grandes que le report de la visite d’un roi.

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