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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Angleterre : le crunch
par Jean-Baptiste Noé

La visite à l’Élysée du Premier ministre britannique Rishi Sunak rappelle les liens anciens et profonds entre les deux pays ; des liens que Londres et Paris tentent de renforcer après les rivalités issues du Brexit. 

11/03/2023 - 08:30 Lecture 5 mn.

 

La rivalité entre la France et l’Angleterre est si forte que nous oublions parfois que le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe avec qui nous sommes en paix depuis le plus longtemps. Plus de deux siècles sans guerre, depuis la bataille de Waterloo (1815), même si les terrains sportifs, comme le rugby, permettent de raviver régulièrement les rivalités. Au moment où le couple franco-allemand s’effrite et les traités du Quirinal et de Barcelone peinent à prendre leur envol, la France se met à l’heure anglaise en aplanissant les rivalités et en rejouant l’air de l’Entente cordiale. Voici donc le Premier ministre britannique à Paris et, dans quinze jours, la visite officielle du roi Charles III, qui a choisi la France comme première sortie pour son règne.

 

Londres ou Paris ?

 

Il faut dire que les sujets ne manquent pas : trafics illégaux des migrants à travers la Manche, coopération énergétique sur le nucléaire, accords fiscaux, coordination des efforts pour l’aide en Ukraine et l’opposition à la Russie, autant de dossiers que les deux pays se doivent de traiter. Il y a quelques années encore, au moment du Brexit, beaucoup rêvaient que Paris supplante Londres en récupérant les sièges sociaux des entreprises et en devenant la grande place financière de l’Europe. Ce rêve n’a pas eu lieu. La plupart des entreprises sont restées en Angleterre. Paris n’a pu supplanter Londres.

Les JO de 2024 seront un test crucial et un point de comparaison intéressant avec Londres. Quand ils eurent lieu dans la capitale anglaise, ils furent incontestablement un succès. Mais les JO n’étaient que l’un des moteurs d’un pays qui se portait bien, avait confiance en lui et pouvait en remontrer à l’Europe. Et Boris Johnson descendre d’une grue tout ébouriffé par le vent. Rien de tel pour Paris 2024. Le pays doute, ne parvient pas à faire des réformes pourtant essentielles, les travaux des JO patinent et les nuages s’amoncellent sur les questions de l’organisation.

Dans la rivalité qui parcourt les deux villes, les flux de populations témoignent de l’attrait de l’une et du peu d’intérêt de l’autre. C’est vers Londres que regardent les jeunes diplômés français, c’est de Londres qu’ils rêvent et c’est à Londres que beaucoup vont travailler. L’inverse n’est pas vrai : on voit peu de jeunes cadres anglais se rendre à Paris. De récents articles de presse ont beau évoquer le blues des Français de Londres, notamment face au prix de l’immobilier, la balance n’est pas encore inversée. C’est vers l’Angleterre aussi que regardent de nombreux étudiants. Que ce soit pour des études en sciences ou en lettres, les universités anglaises font davantage rêver que les campus bloqués et délabrés du sol hexagonal. Là aussi, on entend peu d’Anglais sur les bancs des facs françaises.

Poursuivant le mimétisme des grandes écoles, beaucoup d’universités se mettent aux cours en anglais pour les étrangers, modèlent leurs cursus sur celui des universités anglaises, se veulent modernes en adoptant un vocabulaire et des attitudes issus des entreprises anglo-saxonnes. Pourquoi les étudiants préféreraient-ils une copie à l’original et pourquoi venir à Paris si c’est pour avoir la même chose qu’en Angleterre, l’immersion en moins ? À l’Angleterre, le travail, à la France les vacances ? Rishi Sunak a dit beaucoup aimer la France et y venir pour ses vacances. Un bel hommage certes, mais qui range la France dans la catégorie des pays du club Med.

 

Stabilité anglaise

 

Le Brexit a créé des turbulences et le Royaume-Uni a moins le vent en poupe qu’il y a quelques années. Leurs Premiers ministres se succèdent dans l’instabilité et les conservateurs manquent de doctrine et de projet politique. Mais le Royaume-Uni est toujours là. Certains annonçaient son éclatement, avec l’indépendance de l’Écosse et des tensions insurmontables avec l’Irlande du Nord. Il n’en fut rien. Le Premier ministre écossais a démissionné sans pouvoir appliquer ses rêves d’indépendance et les accords de Windsor ont réglé les problèmes de frontière posés aux Irlandais par les frontières.

Le Royaume-Uni rayonne avec ses séries, dont The Crown et Pinky Blinders portent loin l’histoire et la culture anglaise. Quant à la monarchie, le jubilée de la Reine puis ses funérailles ont démontré l’aura qu’elle a dans le pays et ailleurs. Nul doute que le couronnement de Charles III sera abondamment regardé partout dans le monde. L’Angleterre a été enterrée un peu vite et Rishi Sunak compte bien le faire comprendre à ses alliés français.

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