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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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La Chine engluée dans le covid
par Jean-Baptiste Noé

Trois ans après le début de l’épidémie, la Chine n’arrive pas à se débarrasser du covid. Ni les confinements stricts ni les mesures sociales rigoureuses n’ont permis d’endiguer le virus. Les contaminations, couplées aux contestations, menacent la stabilité interne du pays. 

03/12/2022 - 08:30 Lecture 5 mn.

 

Cela fait déjà trois ans que les premiers cas de covid ont été détectés en Chine. Après un moment de déni, brisé par l’expansion mondiale de l’épidémie, la Chine est devenue malgré elle le centre d’un bouleversement mondial. Trois ans plus tard, les cas de contaminations sont toujours très élevés. En dépit d’une politique très restrictive, qui a vu la mise en place de confinements durs, de villes entièrement bloquées, de contrôle social des populations, le covid est toujours présent. Contrairement à la Corée du Sud, à Taïwan et au Japon, qui ont jugulé et surmonté l’épidémie, contrairement à l’Inde, où ce n’est pas un sujet essentiel, la Chine est engluée dans son épidémie et ne semble pas pouvoir résoudre ses problèmes sanitaires.

 

Refus social

 

Fait inattendu, dans plusieurs villes, les Chinois manifestent et protestent contre les restrictions. Alors qu’ils furent d’une grande docilité de nombreux mois durant, l’impossibilité de sortir de la crise covid génère une frustration qui se traduit en protestation sociale. À Urumqi, ville où les manifestations ont commencé, les autorités ont annoncé une réouverture partielle des transports publics et des commerces. Ce n’est cependant pas la première fois que cette ville est le théâtre de manifestations.

Cité de 3 millions d’habitants au centre du Xinjiang, Urumqi a déjà défié Pékin en 2009 en protestant contre l’occupation des Han. Cela avait engendré violences et répressions, achevées au bénéfice de Pékin. Les confinements donnent une autre occasion de manifester son indépendance à l’égard de la centralisation chinoise. Mais il n’y a pas que dans les marges de la Chine que les protestations sont vives. Pékin a connu son lot de manifestation, ce qui a contraint le gouvernement local à assouplir les règles de confinement.

Même là où les restrictions furent très sévères, le virus a continué à circuler. Les Chinois ont payé depuis trois ans des expériences sociales éprouvantes qui ont lessivé la population tout en fragilisant le tissu économique. Ces confinements à répétition nuisent doublement à la Chine. D’une part parce qu’ils épuisent et disloquent le corps social, d’autre part parce qu’ils empêchent la reprise économique et qu’ils détournent de la Chine les investisseurs étrangers. Les mensonges de Pékin ont rompu le lien de confiance noué avec l’Occident. Beaucoup d’entreprises souhaitent revoir leur politique de délocalisation et envisagent de se déplacer dans d’autres pays asiatiques, moins compliqués et plus sereins. L’Indonésie et le Vietnam espèrent bien reprendre des parts de marché à la Chine.

 

Présence épidémique

 

Deux villes concentrent des foyers importants de l’épidémie : Canton et Chongqing. La première mégapole a près de 15 millions d’habitants, la seconde, située à l’intérieur des terres, 9 millions. En dépit de confinements stricts, l’épidémie a toujours circulé. La masse de population, les conditions sanitaires compliquées, la déliquescence du système des soins expliquent en partie cette permanence épidémique.

Les gouvernements locaux sont donc confrontés à des choix politiques difficiles : maintenir les confinements stricts, qui fonctionnent peu, mais dont les coûts sociaux et économiques sont lourds, ou lâcher un peu de liberté, au risque d’engendrer une épidémie plus rude encore. Dans tous les cas, la politique chinoise apparaît brouillonne, mal organisée et sans véritable objectif. Tout donne l’impression qu’après trois ans d’épidémie le gouvernement chinois ne dispose pas encore de doctrine claire sur le sujet et tâtonne quant aux mesures à prendre.

 

Un danger pour Xi Jinping ?

 

Bien malin ceux qui peuvent prévoir si ces manifestations inédites et massives contre les politiques de confinement vont aboutir au renversement de Xi Jinping. A priori, non. Il vient d’être réélu, il dispose d’un parti à sa main et les chefs locaux doivent lui rendre compte. Si les manifestations devenaient trop importantes, c’est eux qui pourraient être purgés, non le chef de l’État. Hanté par la disparition de l’URSS, craignant un nouveau Tienanmen, Xi Jinping pourrait au contraire profiter de ces rébellions pour purger les cadres inférieurs et ainsi étoffer son contrôle du parti. Ce ne serait pas une bonne affaire pour les Chinois, mais pour lui si.

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