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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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France – Italie : échanges commerciaux en hausse
par Jean-Baptiste Noé

Les polémiques sur l’accueil des bateaux de migrants empoisonnent les relations entre la France et l’Italie. Si elles sont surtout motivées par des considérations de politique intérieure, où chaque gouvernement souhaite garder la face à l’égard de ses électeurs, elles nuisent à des échanges commerciaux qui sont en croissance continue.

26/11/2022 - 08:30 Lecture 4 mn.

 

En France, l’Italie est un pays mal connu et mal compris. On l’associe trop au tourisme et aux vacances, au football et aux pizzas. C’est méconnaître sa puissance industrielle, qui ne se limite pas qu’au nord du pays, le maillage serré et performant de ses PME, et pas uniquement dans les secteurs du luxe et de l’habillement. En 2021, les échanges commerciaux entre la France et l’Italie sont montés à 92 milliards d'euros, un sommet jamais atteint et en progression constante depuis une dizaine d’années. C’est encore inférieur aux échanges commerciaux entre la France et l’Allemagne (164 Mds d'euros en 2021), mais cela place l’Italie parmi les principaux partenaires économiques des entreprises françaises ; très loin devant le commerce avec l’Afrique.

L’ouverture à la concurrence de la ligne ferroviaire Paris / Lyon a fait connaître aux voyageurs français l’efficacité du Frecciarossa de Trenitalia. Dans le secteur de l’industrie de la défense, les Italiens produisent avions, hélicoptères et frégates, taillant des croupières à NavalGroup. La ligne ferroviaire Lyon / Turin, si essentielle pour Rhône-Alpes comme pour le nord de l’Italie, permettra d’intensifier des relations commerciales qui s’affranchissent des tensions politiques.

 

Deux cultures différentes

 

L’approche italienne est totalement différente de l’approche française, dans sa culture et sa façon d’agir. Habitués à un État faible, dont les gouvernements changent sans cesse et à une diplomatie atone, les entrepreneurs italiens ne comptent pas sur l’État pour gagner des parts de marché. Ils se font leur propre ambassadeur de leurs produits et savent gagner des parts de marché dans les pays émergents. Les bars des hôtels internationaux sont ainsi remplis de boissons italiennes, où Martini et Campari détrônent les vermouths et anisés français.

La gastronomie italienne a diffusé ses pizzerias et trattorias dans de nombreux pays extra-européens, ce qui permet non seulement d’exporter la culture italienne, mais aussi de travailler avec l’ensemble des industries agroalimentaires de la chaîne, du concentré de tomate à la production de fromages et de pâtes. Ce réseau de PME dense maille l’ensemble du territoire italien. Le Latium concentre une partie importante de l’industrie pharmaceutique italienne quand l’industrie automobile repose sur les grandes villes du nord, dont Turin pour la FIAT.

 

Investissements et reprises

 

Les investisseurs français ne s’y trompent pas, qui voient de plus en plus l’Italie comme un pays où s’installer. BNP Paribas et le Crédit Agricole ont fait de nombreuses acquisitions dans le secteur de la finance, contribuant à irriguer le secteur des PME familiales. Ces PME, et ce tissu familial, force de l’Italie, sont aussi une faiblesse lorsque sonne l’heure de la succession. Avec un taux de natalité parmi les plus faibles d’Europe, l’Italie manque d’enfants et donc de repreneurs potentiels. Le capitalisme familial a besoin d’enfants pour se perpétuer ; une réalité basique qui est néanmoins une loi d’airain.

Or que ce soit dans le luxe, la confection ou l’industrie, bon nombre d’entreprises manquent de repreneur familial faute d’enfant. Cette question démographique modifie la structure économique du pays, le manque de repreneurs internes attire des fonds d’investissement étrangers. Le risque, pour des entreprises qui reposent sur un nom et une qualité, c’est de voir le maintien du nom, mais avec une perte qualitative. Il en va pourtant de la pérennité du système économique italien et donc de la croissance des liens commerciaux avec la France. Ce qui est finalement plus intéressant que des polémiques à courte vue.

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