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Banijay accélère dans le gaming avec Tipico / Une opération stratégique qui conjugue croissance, technologie et génération de cash
Banijay change d’échelle dans le gaming en prenant le contrôle de Tipico, référence allemande des paris sportifs. Une opération équilibrée et relutive, qui porte le chiffre d’affaires pro forma du groupe à 6,4 milliards d’euros et promet une forte génération de trésorerie.
L’annonce a trouvé son public. L’action Banijay gagnait 8,6 % à 10,7 euros mardi après-midi, dans des échanges tout à la fois record et modestes - près de 73 000 titres, soit environ 0,02 % du capital - qui rappellent la question récurrente du faible flottant. Le groupe a promis d’y remédier à terme, mais l’heure est à l’accélération stratégique dans le gaming, avec l’acquisition d’une participation majoritaire dans Tipico, champion allemand des paris sportifs.
"Betclic et Tipico forment, selon nous, la meilleure combinaison qui soit dans le secteur des paris sportifs, et nous sommes très heureux d’avoir pu la concrétiser", a souligné à la presse François Riahi, le directeur général de Banijay, en présentant l’opération. L’opération, structurante à plus d’un titre, marque un changement d’échelle pour le groupe, déjà leader mondial de la production audiovisuelle. Sur une base pro forma 2024, son chiffre d’affaires atteindrait 6,4 milliards d’euros, réparti presque à parts égales entre l’activité contenus et live d’un côté (3,35 milliards) et le pôle paris sportifs et jeux en ligne de l’autre (3,02 milliards). L’EBITDA ajusté s’élèverait à 1,4 milliard, avec une marge pro forma portée à 21,6 %, contre 18,7 % publiée.
Banijay s’affirme comme consolidateur du gaming européen
"Nous nous imposons comme l’un des leaders du marché et sommes perçus comme un consolidateur naturel du secteur", confie à WanSquare, Sophie Kurinckx-Leclerc, la directrice financière de Banijay. Le groupe occupait déjà ce rôle dans la production audiovisuelle, avec une série d’acquisitions qui ont façonné son leadership mondial. "Jusqu’à présent, nos grandes opérations concernaient surtout la production. Nous changeons désormais de dimension également dans le gaming, un segment lui aussi engagé dans un mouvement de consolidation dont nous voulons être acteurs", ajoute-t-elle.
L’opération s’inscrit dans la droite ligne d’une trajectoire déjà balisée. "Nous avions présenté, lors du Capital Markets Day de mai, notre volonté de poursuivre la croissance du groupe par des opérations transformantes, dans le gaming comme dans la production et les live events. L’acquisition de Tipico en est la traduction concrète", rappelle également Sophie Kurinckx-Leclerc.
Le schéma est le suivant : Banijay rachète Tipico, qui inclut depuis septembre Admiral Austria, le principal opérateur de paris sportifs et de jeux en Autriche, auprès de CVC et des fondateurs, et regroupe l’ensemble avec Betclic au sein de Banijay Gaming. À la clôture, le groupe détiendra 65 % de l’entité combinée, avec des options lui permettant de monter à 72 % à terme. Les fondateurs de Tipico réinvestissent la totalité de leurs actions, tandis que CVC conserve une participation minoritaire de moyen terme.
Une alliance franco-allemande au service d’un groupe paneuropéen
L’opération repose sur un montage équilibré. La valorisation retenue est de 4,8 milliards d’euros pour Betclic et 4,6 milliards pour Tipico. La cession de la participation de 53,9 % dans Bet-at-home, détenue par Betclic, est prévue afin de sécuriser le parcours antitrust. La finalisation est attendue d’ici mi-2026, sous réserve des autorisations usuelles.
Au-delà des chiffres, la logique industrielle saute aux yeux. "Nous créons un véritable champion européen des paris sportifs et du gaming en ligne", a martelé François Riahi. Les deux plateformes opèrent exclusivement sur des marchés régulés, mais leurs géographies se complètent : Betclic est solide en France, au Portugal, en Pologne et en Côte d’Ivoire, quand Tipico règne en Allemagne et s’est renforcé en Autriche avec Admiral. L’ensemble revendique près de 6,5 millions de joueurs actifs uniques par an et un réseau de plus de 1 250 points de vente physiques en Allemagne et en Autriche, une dimension retail que Betclic ne possédait pas et qui vient enrichir l’offre réellement omnicanale du groupe.
La technologie au cœur de la création de valeur
L’ambition est aussi d’adosser des marques fortes à une architecture technologique propriétaire, plus scalable, et d’exploiter la taille critique pour accélérer. Les synergies annuelles visées, d’environ 100 millions d’euros à moyen terme, mêlent leviers de revenus - déploiement croisé de produits, innovation accélérée, marketing à l’échelle - et gains d’efficacité sur les plateformes, notamment via la convergence progressive des systèmes et la mutualisation des achats. Le plan d’exécution se fera en deux temps : stabilisation et continuité d’abord, intégration et optimisation ensuite.
Sophie Kurinckx-Leclerc insiste sur l’ADN technologique commun et sur la complémentarité des savoir-faire. "Nous partageons une approche très technologique et marketing de l’activité. La performance des plateformes, c’est vraiment le cœur du modèle : sans excellence technologique, le marketing ne suffit pas. Cette vision tech commune s’accompagne de vraies complémentarités d’offres et de produits, entre leur expérience du retail et notre expertise dans le poker et le casino."
Soit l’alliance de deux leaders partageant une même culture entrepreneuriale et une approche technologique du pari sportif. Les fondateurs de Tipico, issus du monde de la tech, restent actionnaires et réinvestissent l’intégralité de leur participation dans le groupe combiné. "Cet esprit d’entrepreneur nous est familier chez Banijay : il incarne parfaitement l’ADN de notre groupe ", poursuit la directrice financière. "L’opération crée de la valeur, renforce notre empreinte géographique et nous dote d’une offre pleinement multicanale, incluant désormais une composante retail."
Une acquisition fortement génératrice de cash
Côté financement, l’équation semble parfaitement maîtrisée. L’opération repose sur une dette de 3 milliards d’euros sécurisée auprès des principaux partenaires financiers du groupe, destinée à financer la part acquise en numéraire auprès de CVC et à refinancer la dette de Tipico.
Le groupe anticipe une forte génération de cash issue de cette acquisition, qui doit permettre de ramener le levier financier de 3,5 fois à la clôture de l’opération à moins de 2,5 fois dans les trois ans. Et ce, "tout en nous reluant au sein du groupe combiné, avec une trajectoire de désendettement d’environ un demi-point de levier par an sans relution de notre part", précise la directrice financière. Comprendre : la baisse du levier proviendra uniquement de la génération de trésorerie, sans apport de capital. De la sorte, poursuit-elle, "nous retrouverons rapidement la flexibilité nécessaire pour de nouvelles opérations".
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