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Chroniques / Jean-Baptiste Noé

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Jean-Baptiste Noé

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Mer Rouge : qui contrôle la mer, contrôle le monde
par Jean-Baptiste Noé

Américains et Anglais ont décidé d’agir en mer Rouge. Dans la nuit de jeudi à vendredi, ils ont lancé une opération militaire conduisant au bombardement de plusieurs points stratégiques houthis. Reprendre le contrôle de la mer est une nécessité pour conserver le contrôle du monde.

13/01/2024 - 08:30 Lecture 5 mn.

 

Depuis plusieurs semaines les Houthis, depuis leurs bases du Yémen, attaquaient des navires passant au large de leurs côtes bordées par la mer Rouge. Des attaques qui ont déstructuré le commerce international, le canal de Suez étant l’un des points névralgiques du transport maritime. Entre les navires déroutés vers le cap de Bonne espérance, la hausse des polices d’assurance, la méfiance des équipages, il devenait urgent de rétablir la paix maritime afin de ne pas chambouler les relations commerciales mondiales.

 

La mer au centre du monde

 

Revoici la mer au centre du monde. Plus de 60 % de la population mondiale vit dans le giron des espaces côtiers, un phénomène de concentration démographique que les géographes nomment "littoralisation". 80 % du commerce mondial transite par la mer, un chiffre en croissance continue depuis trente ans. Le fret maritime mondial est passé de 2 605 millions de tonnes en 1970 à 4 008 en 1990, 8 408 en 2010 et 10 985 millions de tonnes en 2021. Il a été multiplié par deux au cours des vingt dernières années, épousant les transformations et les évolutions de la mondialisation.

On doit à l’Américain Malcolm McLean (1913-2001), d’avoir inventé le conteneur et donc révolutionné le transport maritime. La mise au point de cette boîte métallique a fait fondre le temps de travail nécessaire pour charger et décharger les navires, impliquant une transformation des zones portuaires, des camions, des méthodes d’échange. Alors qu’il a longtemps été un simple lieu de passage, le port est devenu aussi un lieu de production, avec l’installation d’usines, de hauts fourneaux, de fermes, concentrant de plus en plus les activités humaines et les richesses. Le tonnage de marchandises maritimes traité dans les ports mondiaux est ainsi passé d’une base 100 en 1985 à 330 aujourd’hui. Dans le même temps, les ports français ont stagné et n’ont connu aucune croissance, passant d’une base 100 en 1985 à 110 aujourd’hui. Les ports hollandais et belges sont devenus des références mondiales alors que Marseille et Le Havre ont stagné, ce qui nuit aussi au développement des industries de l’intérieur du pays.

Au cours des vingt dernières années, la mer fut l’enjeu majeur de la mondialisation et des échanges. Elle le sera plus que jamais dans les prochaines décennies. En s’attaquant aux navires censés avoir un lien avec Israël, les Houthis n’ont pas seulement attaqué Israël, ils ont attaqué la colonne vertébrale du commerce mondial, attaquant de ce fait l’ensemble des pays du monde, des industriels chinois aux gestionnaires de navires de Malte, des financiers américains aux agriculteurs d’Indonésie. Des tribus que peu de monde connaissait il y a peu et qui se livrent depuis une dizaine d’années à une guerre par proxy entre l’Iran et l’Arabie saoudite ont soudainement surgi sur la scène mondiale, menaçant l’économie de l’Asie et de l’Europe, avec pour seules armes leurs drones et leur détermination sans faille.

 

Assurer la paix des mers et le commerce mondial

 

En décidant d’intervenir dans la nuit de jeudi à vendredi, Américains et Anglais ont démontré leur détermination à défendre la liberté des mers et la sécurité du commerce mondial. Une raison qui avait poussé les États-Unis à entrer en guerre en 1917 du côté des Alliés et qui avait justifié, en plus de l’attaque subie à Pearl Harbor, l’engagement dans la Seconde Guerre mondiale. Les États-Unis sont une île-monde, une puissance maritime qui ne peut vivre sans la mer et qui ne peut exister sans une connexion aux autres continents.

Le commerce maritime est beaucoup plus que l’âme du commerce mondial, il est la raison d’être et de survie des pays qui reçoivent et exportent des marchandises. Assurer la sécurité des navires en mer Rouge, c’est permettre que l’Égypte touche ses droits de péage du canal de Suez, que les magasins européens soient approvisionnés, que les industries puissent produire et exporter. D’où l’importance cruciale de disposer d’une marine capable d’intervenir sur toutes les mers et dans des missions variées. Une marine, comme toute armée, coûte très cher. Mais ces dépenses sont l’assurance-vie des pays et de leurs populations.

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